Exposition à Saint-Sylvain d’Anjou
Ce teaser a été réalisé par l’Art en boite
Quelques mots sur la série Les Coques
Thème et variations
Un peu à la manière des musiciens de jazz improvisant sur des grilles d’accord, voilà quelques années que Brigitte Bouquin-Sellès tisse des bandes de feutre sur métier de haute lice. Ces tissages monochromes n’ont naturellement rien d’académique. Elle exclut toute adjonction étrangère, tout artifice autre, que le matériau utilisé dont elle exploite l’unique nature.
Les formats effectifs de chacune des créations s’apparentent à de grands panneaux
de quatre mètres carrés environ. Ces œuvres se développent sur elles-mêmes. Leurs représentations renvoient à des images cosmiques, s’épanouissant dans deux domaines distincts, celui de la poétique de l’espace et celui de la poétique de la matière. Le fait est, qu’avec le feutre, le spectateur est servi !
L’artiste crée sans extravagance. Elle décline de manière très dense, sans agitation, les thèmes qu’elle décide d’exploiter. Elle surexpose et sous-expose ses variations, joue des allitérations et des représentations de ces territoires inconnus devenus imaginables.
En tout état de cause, ces tissages de bandelettes de fibres compressés ne s’adressent pas à la pensée rationnelle. Leur communication touche au domaine de la suggestion plutôt que dans celui de la compréhension d’un sujet réel. Pour qui a besoin de se raccrocher au tangible, les compositions peuvent néanmoins suggérer des représentations figuratives, sinon des interprétations personnelles.
L’œuvre de Brigitte Bouquin-Sellès ramène à la question de la beauté artistique et de la beauté naturelle. Cette frontière stigmatisée par l’intervention de l’artiste en opposition avec le ready made de la nature, ne définit cependant aucune vérité, aucune universalité, dans un domaine comme dans l’autre.
Brigitte Bouquin-Sellès écrit de l’air du temps et revendique cette liberté de transmettre ce que son être soit disposé à lâcher un instant donné.
Son art ne prend nulle fonction sociale ou intellectuelle, juste l’expression d’un trop plein, où les mots avoueraient leur impuissance. En cela, les Coques seraient un genre d’art jazzistique, un art abstrait, de communication facile, convivial en quelque sorte.
Si la culture d’opposition, qui s’exprime en terme de sens, ou de modus opérandi à la mode, apparaît comme l’expression d’une voie officielle, assez distanciée des perceptions du plus grand nombre, alors cette œuvre assumerait la double
contradiction, celle de l’opposition à l’opposition…
CHS septembre 2009